Conférence du vendredi 29 janvier 1993 à 21 h, à la salle Muséum d'Histoire Naturelle de Nantes (124 places)
Les Grecs l'appelaient kosmos, les Latins Universus. Il n'était pas l'objet d'un savoir au sens moderne du terme, mais plutôt de spéculations. Elles portaient sur sa forme, sur ses lois et sur son histoire. Elles concernaient autant la nature des dieux que celle des hommes ou celle de la matière.
Les cosmophysiciens modernes ont cru échapper aux spéculations antiques en mathématisant de nouveaux modèles d'univers. Ils tiennent compte de sa durée, de sa forme dynamique et de la structure intime de la matière. Échappent-ils pour autant à toute idéalisation ? Rien n'est moins certain. La cosmologie moderne conserve en effet le présupposé de LAPLACE qui était déjà celui de PLATON selon lequel il est possible de raisonner sur une totalité en la regardant en surplomb comme si l'observateur était extérieur à ce qu'il décrit. C'est adopter le point de vue des vieilles théologies, à peine modifiées : le cosmophysicien y occupe simplement la place de Dieu. Pas le créateur, certes, mais l'omniscient. Est-ce bien raisonnable ?
Plus généralement, la question qui se pose à toute épistémologie de la cosmologie est la suivante : existe-t-il un discours ayant pour objet la totalité et qui serait encore une science ? Si la réponse est non, que reste-t-il de l'Univers, qu'on croyait si évident ?